Histoire (peut-être) vraie...
Mais que s’était-il passé ce 13 mars 2018 ?
Pourquoi le gouvernement avait-il voté cette loi qui ne servait pas à grand-chose si ce n’est à se donner bonne conscience ?
C’était une idée un peu irréelle au départ de décréter avec force explications logiques que le malheur de la France venait des déviants, de ceux qui se croyaient
tout permis au prétexte que cela se passait entre adultes consentants… Certaines pratiques furent votées par la majorité présidentielle comme, pour n’en citer que quelques-unes, regarder
quelqu’un plus de trois secondes sans lui adresser la parole (sinon c’est une agression visuelle), marcher trop près d’une personne âgée de plus de 75ans ou de moins de 18 ans si aucun lien de
parenté ne le justifie, travailler plus de 80heures par semaine même si au bout du compte on gagne moins que le SMIC, pratiquer la domination sous toutes ses formes, repasser ses chemises avec un
fer à repasser à vapeur entre 08h00 et 16h30 tous les jours de la semaine y compris les jours fériés….
Une vague d’arrestations sans précédent se produisit entre le 13 mars et le 20 avril : toutes les personnes fichées comme supposés Dominants furent enregistrées sur
un fichier national et devaient s’astreindre à un programme de rééducation avec obligation de ne plus rencontrer un soumis ou une soumise et passage hebdomadaire devant une commission
départementale d’éthique mentale et morale.
Plus rien ne tournait comme avant : personne n’osait sortir de chez soi de peur de se retrouver par mégarde à côté d’un enfant ou d’un senior et ceux qui osaient le
faire faisaient la fortune des pharmaciens à force de se cogner contre des poteaux ou des réverbères tellement ils n’osaient pas lever la tête pour éviter de croiser les regards des
autres.
Non, décidément plus rien ne tournait rond.
Les premiers jours, les soumises et les soumis se regroupaient entre eux pour se soutenir moralement depuis que les Dominants avaient été obligés de les abandonner
de force. Puis très rapidement, en moins d’une semaine on vit les premières crises de manque chez certains d’entre eux : tremblements compulsifs, grogne, prostration, troubles
intellectuels.
Pour ce qui concernait les switch, ce fût également une catastrophe car ils furent contraints de choisir une situation définitive : soumis ou Dominant. Ce n’était
pas un problème d’éthique particulier qui les y obligeait, non, c’était simplement que le logiciel d’enregistrement n’avait pas été conçu pour une troisième catégorie. Il leur a donc fallu
choisir entre le programme de rééducation ou se déclarer soumis mais avec le désavantage de ne plus avoir de Dominants pour s’occuper d’eux.
La colère grondait doucement mais sûrement. La tension était palpable, dure. Toutes les catégories sociales se plaignaient mais pas pour les mêmes raisons. Seule la
colère était le point commun de tout le monde.
Et puis des blogs de résistance se sont créés très rapidement au début mai 2018. Ils appelaient à la résistance face à l‘absurde. Un parti politique pris son envol
avec un soumis vieillissant –mais la soumission n’a pas d’âge – à sa tête, un certain jesse, connu également sous le pseudo de «le soumis de Ma Dame / Lady Abigael ». Le parti s’appelait : «
Touche pas à mon Dom ! » en souvenir d’un mouvement du XXème siècle qui portait à peu près le même nom.
Des affiches appelant à la révolte civique et pacifique apparurent sur les murs, collées dans la nuit par des soumises et des soumis qui se sentaient
concernés.
Au Stade de France, la foule était nombreuse et rassemblait tout ce qui se fait en matière de soumis : des hommes, des femmes, des hommes-femmes des femmes-hommes,
des incertains, des sûrs d’eux, des extravertis, des intravertis, des timides, des provocateurs, des « souminateurs », des purs, des durs, des jeunes, des vieux, des « debouts », des « à quatre
pattes ».
Ils étaient tous venus à l’appel lancé quelques semaines plus tôt par jesse dans le cadre d’une campagne d’affichage sauvage pour laquelle il revendiquait un droit
à la punition. Mais le Gouvernement n’en fit car cela aurait été illégal pour cause de « comportement de Dominant ».
La tension était palpable : tout le monde pressentait qu’un événement important allait se passer.
Il faut dire que cela faisait des mois que la colère couvait et qu’une majorité de soumis commençait à ne plus supporter ces changements de conditions.
Dame, depuis quelques temps on se mettait à leur parler correctement, on leur montrait du respect et on faisait preuve de courtoisie et de politesse envers eux
comme s’ils n’avaient jamais été soumis. Les Dominants commençaient à parler d’égalité et de respect mutuel : les frontières entre Dominants et soumis devenaient floues et les switchs
commençaient à ne plus s’y retrouver eux-mêmes puisqu’ils se demandaient toujours s’ils étaient en mode Domi ou en mode soumis.
Et tout ça parce qu’un jour un illuminé avait parlé de respect et de considération prétendant que le BDsM était une drogue dont il fallait se désintoxiquer. De
nombreux articles de presse faisaient état dans les journaux de cas de « rédemptions » miraculeuses mais n’était-ce pas là une comédie jouée par certains ?
Les premiers cas de souffrance morale apparurent quelques semaines après cette campagne de dénonciation du BDsM : certains soumis en manque se réunissaient entre
eux afin de se fouetter ou pratiquer le shibari mais l’absence de vrais Dominants ne pouvait pas être palliée à coup de bonne volonté.
Plus personne ne se déclarait Dominant depuis que la loi décrétant la Domination comme un délit pénal avait eu pour conséquence d’aggraver la surpopulation
carcérale…
Le moment était solennel : il était temps de se faire entendre des autorités.
Seul derrière le micro qu’on lui tendait, jesse se voyait sur les écrans géants qui projetaient son image à l’intention de celles et ceux qui étaient placés trop
loin pour voir clairement les traits de son visage. Un silence profond se fit en ce lieu qui avait vu bien d’autres rassemblements mais dont celui-ci était le premier du genre.
Et jesse prononça les premiers mots :
- "Camarades soumises, camarades soumis ! On vous ment ! On vous spolie ! Depuis les nouvelles lois interdisant la Domination plus personne ne veut assumer un
rôle de Dominant et nous aider à tenir nos rôles de soumis. Est-ce que cela est acceptable ? "
- " Noooooonnnn !" hurla la foule de soumis galvanisée par le ton enflammé de jesse qui, porté par cette réponse favorable, reprit de plus belle
;
- " Qu’avons-nous fait pour mériter cela ? Avons-nous tué ou volé ? "
- " Noooooonnnn ! " gronda à nouveau la foule ;
- " Avons-nous oublié de payer nos taxes et impôts ? "
- " Nooooooonnn ! " répondit encore la foule prise à témoin ;
- " Alors qui me dira le crime que nous avons commis pour nous priver ainsi des droits élémentaires des soumis à subir l’autorité de leurs Maîtres en toute
quiétude ?...Ne cherchez pas car nous n’avons commis aucun crime ou délit passible d’une telle sanction qui bafoue nos droits les plus élémentaires et dont les conséquences vont au-delà de
l’acceptable. En effet non content d’avoir fait de la Domination un délit passible de prison nous privant de Dominants, le chômage s’installe désormais un peu plus dans l’industrie du SM et des
sextoys. Depuis plusieurs mois on assiste à des délocalisations massives de producteurs de jouets sexuels mais également d’artisans ferronniers spécialisés dans la fabrication et l’usinage de
matériels de contraintes. Les bourreliers eux-mêmes sont obligés de se recycler dans la fabrication de harnachement en cuir pour les chevaux oubliant du coup la clientèle captive que nous
représentions pour eux . "
- " Oooooouuuuuuuh ! " répondit la foule pour marquer sa réprobation face aux conséquences dénoncées par jesse ;
- " Et pour quels résultat au bout du compte, je vous le demande ? Certes le respect est là, certes, une certaine égalité règne, certes les accidents sont moins
fréquents ! Mais au bout du compte qu’est-ce qu’on y gagne ? Rien ! En un mot comme en cents : on se fait ch… ! Et ça c’est inacceptable ! "
- " Ooooooouuuuuuiiiiiii ! " entonna la foule permettant à jesse de reprendre sa respiration ;
- " Doit-on permettre à ces nouvelles lois de continuer à gérer nos existences sans rien faire? Ne sommes-nous pas libres d’assumer nos penchants librement si
nous le faisons sans ostentation et en toute discrétion ? "
- " Oooooouuuuuuiiiiii ! " approuva à nouveau la foule des soumis.
- " Aujourd’hui, je vous le dis, il est temps de relever symboliquement la tête pour mieux la baisser demain ! Ces lois iniques doivent être abrogées et seul le
nombre nous permettra d’y parvenir ! Camarades soumises, camarades soumis, ce jour doit être le premier d’une longue marche vers la reconquête de notre état de soumis ! "
- " OOOOOUUUUUIIIII ! " renchérit la foule ivre d’un mélange de joie et de colère ;
- " L’autre nuit, j’ai fait un rêve et j’ai rêvé que nous étions tous heureux de retrouver nos Dominants auxQuels nous nous soumettions sans entraves ni
contraintes mais de notre plein gré ! Et j’ai rêvé aussi au bonheur qu’Ils éprouvaient avec nous de pouvoir à nouveau pratiquer librement ces activités ! "
- " OOOOOOUUUUUIIIIII ! " - ponctuait puissamment la clameur du stade.
A SUIVRE (Ben oui, c'est comme ça).
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